Popular Tales - BestLightNovel.com
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TABLE.
_Preface_ p. 77
_Peau d'Asne, Conte_ p. 83
_Les Souhaits Ridicules, Conte_ p. 107
_Griselidis, Nouvelle_ p. 113
PReFACE.[100]
La maniere dont le public a recu les pieces de ce recueil, a mesure qu'elles lui ont ete donnees separement, est une espece d'a.s.surance qu'elles ne lui deplairont pas, en paroissant toutes ensemble. Il est vrai que quelques personnes, qui affectent de paroitre graves, et qui ont a.s.sez d'esprit pour voir que ce sont des contes faits a plaisir, et que la matiere n'en est pas fort importante, les ont regardees avec mepris; mais on a eu la satisfaction de voir que les gens de bon gout n'en ont pas juge de la sorte.
Ils ont ete bien aises de remarquer que ces bagatelles n'etoient pas de pures bagatelles, qu'elles renfermoient une morale utile, et que le recit enjoue dont elles etoient enveloppees n'avoit ete choisi que pour les faire entrer plus agreablement dans l'esprit et d'une maniere qui instruisit et divert.i.t tout ensemble. Cela devoit me suffire pour ne pas craindre le reproche de m'etre amuse a des choses frivoles. Mais, comme j'ai affaire a bien des gens qui ne se payent pas de raisons, et qui ne peuvent etre touches que par l'autorite et par l'exemple des anciens, je vais les satisfaire la-dessus.
Les fables milesiennes, si celebres parmi les Grecs, et qui ont fait les delices d'Athenes et de Rome, n'etoient pas d'une autre espece que les fables de ce recueil. L'histoire de la Matrone d'Ephese est de la meme nature que celle de Griselidis: ce sont l'une et l'autre des Nouvelles, c'est-a-dire des recits de choses qui peuvent etre arrivees et qui n'ont rien qui blesse absolument la vraisemblance. La fable de Psyche, ecrite par Lucien et par Apulee, est une fiction toute pure et un conte de vieille, comme celui de Peau d'Ane. Aussi voyons-nous qu'Apulee le fait raconter, par une vieille femme, a une jeune fille que des voleurs avoient enlevee, de meme que celui de Peau d'Ane est conte tous les jours a des enfants par leurs gouvernantes et par leurs grand'meres. La fable du laboureur qui obtint de Jupiter le pouvoir de faire, comme il lui plairoit, la pluie et le beau temps, et qui en usa de telle sorte qu'il ne recueillit que de la paille sans aucuns grains, parce qu'il n'avoit jamais demande ni vent, ni froid, ni neige, ni aucun temps semblable, chose necessaire cependant pour faire fructifier les plantes; cette fable, dis-je, est de meme genre que le conte des Souhaits ridicules, si ce n'est que l'un est serieux et l'autre comique; mais tous les deux vont a dire que les hommes ne connoissent pas ce qui leur convient, et sont plus heureuz d'etre conduits par la Providence, que si toutes choses leur succedoient selon qu'ils le desirent.
Je ne crois pas qu'ayant devant moi de si beaux modeles, dans la plus sage et la plus docte antiquite, on soit en droit de me faire aucun reproche. Je pretends meme que mes fables meritent mieux d'etre racontees que la plupart des contes anciens, et particulierement celui de la Matrone d'Ephese et celui de Psyche, si on les regarde du cote de la morale, chose princ.i.p.ale dans toutes sortes de fables, et pour laquelle elles doivent avoir ete faites. Toute la moralite qu'on peut tirer de la Matrone d'Ephese est que souvent les femmes qui semblent les plus vertueuses le sont le moins, et qu'ainsi il n'y en a presque point qui le soient veritablement.
Qui ne voit que cette morale est tres-mauvaise, et qu'elle ne va qu'a corrompre les femmes par le mauvais exemple, et a leur faire croire qu'en manquant a leur devoir elles ne font que suivre la voie commune?
Il n'en est pas de meme de la morale de Griselidis, qui tend a porter les femmes a souffrir de leurs maris, et a faire voir qu'il n'y en a point de si brutal ni de si bizarre dont la patience d'une honnete femme ne puisse venir a bout.
A l'egard de la morale cachee dans la fable de Psyche, fable en elle-meme tres-agreable et tres-ingenieuse, je la comparerai avec celle de Peau d'Ane, quand je la saurai; mais, jusqu'ici, je n'ai pu la deviner. Je sais bien que Psyche signifie l'ame; mais je ne comprends point ce qu'il faut entendre par l'Amour, qui est amoureux de Psyche, c'est-a-dire de l'ame, et encore moins ce qu'on ajoute, que Psyche devoit etre heureuse tant qu'elle ne connoitroit point celui dont elle etoit aimee, qui etoit l'Amour; mais qu'elle seroit tres-malheureuse des le moment qu'elle viendroit a le connoitre: voila pour moi une enigme impenetrable. Tout ce qu'on peut dire, c'est que cette fable, de meme que la plupart de celles qui nous restent des anciens, n'ont ete faites que pour plaire, sans egard aux bonnes moeurs, qu'ils negligeoient beaucoup.
Il n'en est pas de meme des Contes que nos aeux ont inventes pour leurs enfants. Ils ne les ont pas contes avec l'elegance et les agrements dont les Grecs et les Romains ont orne leurs fables; mais ils ont toujours eu un tres-grand soin que leurs contes renferma.s.sent une morale louable et instructive. Partout la vertu y est recompensee, et partout le vice y est puni. Ils tendent tous a faire voir l'avantage qu'il y a d'etre honnete, patient, avise, laborieux, obeissant, et le mal qui arrive a ceux qui ne le sont pas.
Tantot ce sont des fees qui donnent pour don a une jeune fille qui leur aura repondu avec civilite, qu'a chaque parole qu'elle dira, il lui sortira de la bouche un diamant ou une perle; et, a une autre fille qui leur aura repondu brutalement, qu'a chaque parole il lui sortira de la bouche une grenouille ou un c.r.a.paud. Tantot ce sont des enfants qui, pour avoir bien obei a leur pere et a leur mere, deviennent grands seigneurs; ou d'autres qui, ayant ete vicieux et desobeissans, sont tombes dans des malheurs epouvantables.
Quelque frivoles et bizarres que soient toutes ces fables dans leurs aventures, il est certain qu'elles excitent dans les enfants le desir de ressembler a ceux qu'ils voient devenir heureux, et en meme temps la crainte des malheurs ou les mechans sont tombes par leur mechancete.
N'est-il pas louable a des peres et a des meres, lorsque leurs enfants ne sont pas encore capables de gouter les verites solides et denuees de tout agrement, de les leur faire aimer, et, si cela se peut dire, de les leur faire avaler, en les enveloppant dans des recits agreables et proportionnes a la foiblesse de leur age! Il n'est pas croyable avec quelle avidite ces ames innocentes, et dont rien n'a encore corrompu la droiture naturelle, recoivent ces instructions cachees; on les voit dans la tristesse et dans l'abattement tant que le heros ou l'herone du conte sont dans le malheur, et s'ecrier de joie quand le temps de leur bonheur arrive; de meme qu'apres avoir souffert impatiemment la prosperite du mechant ou de la mechante, ils sont ravis de les voir enfin punis comme ils le meritent. Ce sont des s.e.m.e.nces qu'on jette, qui ne produisent d'abord que des mouvements de joie et de tristesse, mais dont il ne manque guere d'eclore de bonnes inclinations.
J'aurois pu rendre mes contes plus agreables, en y melant certaines choses un peu libres dont on a accoutume de les egayer; mais le desir de plaire ne m'a jamais a.s.sez tente pour violer une loi que je me suis imposee, de ne rien ecrire qui put blesser ou la pudeur, ou la bienseance. Voici un madrigal qu'une jeune demoiselle de beaucoup d'esprit a compose sur ce sujet, et qu'elle a ecrit au-dessous du conte de Peau d'Ane que je lui avois envoye:
Le conte de Peau d'Ane est ici raconte Avec tant de navete, Qu'il ne m'a pas moins divertie Que quand, aupres du feu, ma nourrice ou ma mie Tenoient en le faisant mon esprit enchante.
On y voit par endroits quelques traits de satire, Mais qui, sans fiel et sans malignite, A tous egalement font du plaisir a lire.
Ce qui me plait encor dans sa simple douceur C'est qu'il divert.i.t et fait rire, Sans que mere, epoux, confesseur, Y puissent trouver a redire.
[Footnote 100: From the Griselidis of 1695.]
PEAU D'ASNE.
_CONTE._
A MADAME LA MARQUISE DE L.
PAR MR. PERRAULT, DE L'ACADEMIE FRANcOISE.
Il est des gens de qui l'esprit guinde, Sous un front jamais deride Ne souffre, n'approuve & n'estime Que le pompeux & le sublime; Pour moi, j'ose poser en fait Qu'en de certains momens l'esprit le plus parfait Peut aimer sans rougir jusqu'aux Marionnettes; Et qu'il est des tems & des lieux Ou le grave & le serieux Ne vallent pas d'agreables sornettes.
Pourquoi faut-il s'emerveiller Que la Raison la mieux sensee, La.s.se souvent de trop veiller, Par des contes d'Ogre[101] & de Fee Ingenieus.e.m.e.nt bercee, Prenne plaisir a sommeiller, Sans craindre donc qu'on me cond.a.m.ne De mal employer mon loisir, Je vais, pour contenter votre juste desir, Vous conter tout au long l'histoire de Peau D'Asne.
[Footnote 101: Homme Sauvage qui mangeoit les pet.i.ts enfans.]
Il etoit une fois un Roi Le plus grand qui fut sur la Terre, Aimable en Paix, terrible en Guerre, Seul enfin comparable a soi: Ses voisins le craignoient, ses Etats etoient calmes, Et l'on voyoit de toutes parts Fleurir, a l'ombre de ses palmes Et les Vertus & les beaux Arts.
Son aimable Moitie, sa Compagne fidelle, Etoit si charmante & si belle, Avoit l'esprit si commode & si doux Qu'il etoit encor avec elle Moins heureux Roi qu'heureux espoux.
De leur tendre & chaste Hymenee, Plein de douceur & d'agrement Avec tant de vertus une fille etoit nee, Qu'ils se consoloient ais.e.m.e.nt De n'avoir pas de plus ample lignee.
Dans son vaste & riche Palais, Ce n'etoit que magnificence, Partout y fourmilloit une vive abondance De Courtisans & de Valets; Il avoit dans son Escurie Grands & pet.i.ts chevaux de toutes les facons, Couverts de beaux caparacons Roides d'or & de broderie; Mais ce qui surprenoit tout le monde en entrant C'est qu'au lieu plus apparent, Un maitre Asne etailloit ses deux grandes oreilles, Cette injustice vous surprend, Mais, lorsque vous scaurez ses vertus nompareilles, Vous ne trouverez pas que l'honneur fut trop grand.
Tel et si net le forma la Nature Qu'il ne faisoit jamais d'ordure, Mais bien beaux Ecus au soleil Et Louis de toute maniere Qu'on alloit recueillir sur la blonde litiere Tous les matins a son reveil.
Or le Ciel qui par fois se la.s.se De rendre les hommes contents, Qui toujours a ses biens mele quelque disgrace Ainsi que la pluye au beau tems, Permit qu'une aspre maladie Tout a coup de la Reine attaquat les beaux jours.
Par tout on cherche du secours, Mais ni la Faculte qui le Grec etudie, Ni les Charlatans ayant cours, Ne purent tous ensemble arreter l'incendie Que la fievre allumoit en s'augmentant toujours.
Arrivee a sa derniere heure, Elle dit au Roi son epoux Trouvez bon qu'avant que je meure, J'exige une chose de vous C'est que s'il vous prenoit envie De vous remarier quand je n'y serai plus...
--Ha! dit le Roi, ces soins sont superflus, Je n'y songerai de ma vie, Soyez en repos la dessus.
Je le croi bien, reprit la Reine, Si j'en prens a temoin votre amour vehement, Mais pour m'en rendre plus certaine Je veux avoir votre serment, Adouci toute fois par ce temperamment Que si vous rencontrez une femme plus belle, Mieux faite & plus sage que moi, Vous pourrez franchement lui donner votre foi Et vous marier avec elle: Sa confiance en ses attraits Lui faisoit regarder une telle promesse Comme un serment surpris avec adresse De ne se marier jamais.
Le Prince jura donc, les yeux baignez de larmes Tout ce que la Reine voulut; La Reine entre ses bras mourut, Et jamais un Mari ne fit tant de vacarmes.
A l'our sanglotter & les nuits & les jours, On jugea que son deuil ne lui durerait guerre Et qu'il pleuroit ses defuntes Amours Comme un homme presse qui veut sortir d'affaire.
On ne se trompa point. Au bout de quelques mois Il voulut proceder a faire un nouveau choix; Mais ce n'etoit pas chose aisee, Il falloit garder son serment Et que la nouvelle Epousee Eut plus d'attraits & d'agrement Que celle qu'on venoit de mettre au monument.
Ni la Cour en beautez fertile, Ni la Campagne, ni la Ville, Ni les Royaumes d'alentour Dont on alla faire le tour, N'en purent fournir une telle, L'Infante seule etoit plus belle Et possedoit certains tendres appas Que la deffunte n'avoit pas.
Le Roy le remarqua lui-meme Et brulant d'un amour extreme Alla follement s'aviser Que par cette raison il devoit l'epouser.
Il trouva meme un Casuiste Qui jugea que le cas se pouvoit proposer; Mais la jeune Princesse triste D'our parler d'un tel amour, Se lamentoit & pleuroit nuit & jour.
De mille chagrins l'ame pleine Elle alla trouver sa Maraine, Loin dans une grotte a l'ecart De Nacre & de Corail richement etoffee; C'etoit une admirable Fee Qui n'eut jamais de pareille en son Art.
Il n'est pas besoin qu'on vous die Ce qu'etoit une Fee en ces bienheureux tems, Car je suis sur que votre Mie Vous l'aura dit dez vos plus jeunes ans.
Je scay, dit-elle, en voyant la Princesse Ce qui vous fait venir ici, Je sais de votre coeur la profonde tristesse Mais avec moi n'ayez plus de souci.
Il n'est rien qui vous puisse nuire Pourvu qu'a mes conseils vous vous laissiez conduire, Votre Pere, il est vrai, voudroit vous epouser; Ecouter sa folle demande Seroit une faute bien grande Mais sans le contredire on le peut refuser.
Dites-lui qu'il faut qu'il vous donne Pour rendre vos desirs contents, Avant qu'a son amour votre coeur s'abandonne Une Robe qui soit de la couleur du Tems.
Malgre tout son pouvoir et toute sa richesse, Quoi que le Ciel en tout favorise ses voeux, Il ne pourra jamais accomplir sa promesse.
Aussi-tot la jeune Princesse L'alla dire en tremblant a son Pere amoureux Qui dans le moment fit entendre Aux Tailleurs les plus importans Que s'ils ne lui faisoient, sans trop le faire attendre, Une robe qui fut de la couleur du Temps, Ils pouvoient s'a.s.surer qu'il les feroit Tous pendre.
Le second jour ne luisoit pas encor Qu'on apporta la robe desiree; Le plus beau bleu de l'Empiree N'est pas, lorsqu'il est ceint de gros nuages d'or D'une couleur plus azuree.